— 35 — breuses, elles sont obligées de vivre dans un réduit étroit, où l’air et la lumière pénètrent en quantité insuffisante. Les habitants vivent constamment dans l’humidité, mal chaussés, vêtus d’étoffes de laine, sales et imprégnées de leurs excrétions cutanées, de l’odeur infecte des matières combustibles et alimentaires. Qu’une maladie contagieuse se déclare dans de pareilles conditions, et la case est bientôt vidée. Les historiens de l’Islande ont signalé des épidémies nombreuses, une de variole entre autres, qui enleva près du tiers de la population. A ces fléaux, qu’on joigne les horreurs de la famine, les tremblements de terre, les éruptions volcaniques qui de loin en loin ont désolé l’Islande, on aura le tableau de la vie dans celte île infortunée. La végétation y est réduite à sa plus simple expression. Les forêts y sont représentées par des buissons de bouleaux, petits et rabou- gris. L’habitant de Reykiavick montre avec un certain orgueil à l’étranger son bois de Vathua , bois lilliputien, dont les arbres atteignent, à peine 1 mètre de hauteur. Les chevaux, les bœufs et les moutons, sont aussi de très-petite taille. Au-devant de chaque case, on voit un petit coin de terre labourée, où l’on cultive à grand’peine quelques légumes étiolés, et des pommes de terre pas plus grosses qu’une châtaigne. Cette pomme de terre a été jusqu’ici exempte de la maladie qui a ravagé les nôtres en Europe. J’ai en- tendu dire que, transplantée dans une bonne terre, sous un climat favorable, elle prend un volume considérable: ne serait-ce pas un moyen de régénérer notre espèce si profondément modifiée par le temps et par la maladie? Le pissenlit ( teontoclon taraxacum) et l’oseille (rumex acetosà), qui croissent eu abondance et sans culture, sont d’un précieux secours pour les habitants. L’orge est la grami- née qui se cultive le plus loin vers le nord ; on rencontre des champs d’orge aux îles Orcades et Shetland, etauxFéroë, par conséquent presque par 62° de latitude. L’Islande, située entre 63 et 66°, en est privée, malgré tous les efforts tentés par les habitants pour posséder une espèce quelconque de céréale.

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