— 58 — spéciale; l’oxygénation incomplète du sang, due au genre de vie et au climat, en serait la cause première; constituée par une prédo- minance absolue des éléments plastiques du fluide nourricier, cette dyscrasie aurait pour effets des hyperémies passives et des exsuda- tions fibrino-albumineuses soit dans l’épaisseur de la peau, soit à la surface des centres nerveux. M. le Dr Argilagos (thèse de 1860) considère la lèpre comme une névrose asthénique du grand sym- pathique. Je dirai, avec M. Guérault, que la spedalskhed peut être considérée comme une maladie générale et endémique dont la nature et les causes sont encore fort obscures, mais qui a certainement pour siège l’économie tout entière, où elle se manifeste tantôt dans la forme tuberculeuse, en attaquant seulement le tégument externe et les mu- queuses, tantôt en affectant de préférence les centres nerveux comme dans la forme dite anesthésique. Je ne puis ici m’étendre sur le traitement, ce serait passer en revue toute la matière médicale. Les médecins norvégiens, se basant sur leur théorie dyscrasique, ont employé les débilitants et sudori- fiques : bains de vapeurs, saignées peu abondantes et répétées, com- binés avec la médication contro-stimulante. Ils donnent d’abord l’émétique àO gr. 20 pour 250 grammes d’eau, une cuillerée à bouche toutes les deux heures; tous les quatre jours, ils augmentent de 0 gr. 10 et arrivent à porter la dose à 1 gramme 1 gramme 50, puis ils diminuent dans les mêmes proportions. La tolérance s’ob- tient ordinairement, elle est d’ailleurs facilitée par l’emploi de quelques gouttes de laudanum. Outre ce traitement, ils ont recours aux bains sulfureux et alcalins concentrés pour agir sur les tubercules du tronc et des membres. Dans la forme anesthé- sique, pour prévenir les altérations de la moelle, ils font de fré- quentes applications de ventouses scarifiées le long de la colonne vertébrale; ils mettent des moxas, font des onctions mercurielles et de petites saignées générales; dans un certain nombre de cas, ils auraient réussi à arrêter la marche des tubercules, même à les faire

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