(21) Blaðsíða [19] (21) Blaðsíða [19]
Henri Chopin 9, rue des Mésanges Sceaux le 26 Nov. 1964 Ma bien chére Amie. Vous m'avez demandé une préface pour votre exposition en Islande et j'ai accepté de l'éc- rire, du moins de la vivre. Puis, quelques jours aprés, j'ai préféré vous envoyer cette lettre, qui sera plutót un dialogue pour les années á venir. Quant á moi, je ne crois plus au bien fondé de la critique habituelle lorsqu'il s'agit d'une oeuvre créée. Car pour parler peinture, sculpture, littérature ou de tout autre chose, il faut mettre en avant une sorte de „grammaire" pour le genre qu'on voudra traiter. Ensuite, á l'aide de cette grammaire, nous parlerons aux amateurs et aux initiés en découv- rant des audaces, des libertés, que sais-je encore, et aussi des structures qui leur seront connues. Or, il se trouve — et voyez ma difficulté á écrire une préface — que depuis l'art abstrait en peinture, que depuis Dada en poési nous avons perdu nos „grammaires". Comment, dés lors, pourra-t-on parler de l'art nouveau dont notre temps est prodigue, si l'on emploie la prose utilisée pour Delacroix, pour Van Gogh, ou pour Rubens. Je donne des noms sans ordre et vous me pardonnerez. Quoi qu'il en soit et quelle que soit la maniére, je dis que lorsqu'il s'agit d'un art au ving- tiéme siécle la confusion est totale, pour en parler. Par exemple, et nous connaissons ce phén- oméne, les uns parlent „Humanisme" pour évoquer Mondrian, les autres mentionnent „Op Art" pour rendre compte de l'oeuvre de Vasarely, et cela avec la bonne prose, chére á Pascal et á Montaigne, plus prés de nous á Valéry. Mais n'est-ce pas lá un non sens? N'est-ce pas lá une hérésie de parler peinture de Vasarely avec des termes qui devraient aller á Rembrandt? Bien súr, j'attaque pour l'instant le critique, et je ne parle pas de vous, pas encore, s'entend. J'y viendrais. En attendant, je dois faire ma préface, et celle-ci ne me déplaít pas, bien au contraire. Mai c'est par le biais que j'irai á vous. Tout d'abord je ne pourrai pas voir un tableau de vous sans penser que l'oeuvre sort de la peinture, voire méme de l'oeuvre d'art. Mais auparavent je penserai au monde que je vis, croyant, pour ma part, au monde et á la vie, d'abord, avant l'oeuvre d'art, avant que celle-ci me soit proposée. Avant aussi ma propre présence, car j'ai toujours l'impression, en ce qui me concerne, d'étre la présence de la vie,


Eyborg Guðmundsdóttir

Ár
1965
Tungumál
Íslenska
Blaðsíður
32


Beinir tenglar

Ef þú vilt tengja á þessa bók, vinsamlegast notaðu þessa tengla:

Tengja á þessa bók: Eyborg Guðmundsdóttir
https://baekur.is/bok/c942aae3-ebeb-48e1-9c22-ad4033ff5df2

Tengja á þessa síðu: (20) Blaðsíða [18]
https://baekur.is/bok/c942aae3-ebeb-48e1-9c22-ad4033ff5df2/0/20

Vinsamlegast ekki tengja beint á myndir eða PDF skjöl á Bækur.is þar sem slíkar slóðir geta breyst án fyrirvara. Notið slóðirnar hér fyrir ofan til að tengja á vefinn.